Gestion active vs gestion passive : les frais sous pression

gestion passif actif

19 décembre 2018

L’industrie de l’asset management est au cœur de profondes mutations : inflation réglementaire, transformation digitale, performance et rentabilité, évolution de la relation client… Dans un tel contexte, les gérants d’actifs sont particulièrement exposés face à toutes ces transformations métiers et technologiques.

L’ÉMERGENCE DE LA GESTION PASSIVE

L’émergence de la gestion passive fait partie des nombreuses évolutions dans le secteur de la gestion d’actifs. Elle impose à la profession la révision et l’optimisation de l’ensemble de la chaîne de valeur et de nombre de leurs process.

La gestion passive de portefeuille, technique dénommée ainsi car elle se « contente » de suivre l’évolution d’un indice de marché, prendra-t-elle le pas sur la gestion dite active en Europe, comme c’est désormais le cas aux Etats-Unis ?

D’après les chiffres de l’agence Moody’s, le marché européen de ces produits indiciels représentait à peine 14% du total des actifs gérés à fin 2017. Les seuls ETF (« Exchange Traded Funds ») appelés également Trackers, constituaient une part de marché de 6% en Europe quand aux Etats-Unis ils totalisaient 18% des actifs sous gestion.

Les ETF représentent la tendance la plus marquée en matière d’investissement au cours des quinze années passées. En effet, au début des années 2000, les encours des ETF ne représentaient à peine que 100 milliards de dollars alors qu’ils se montent aujourd’hui à 4 700 milliards de dollars. Par ailleurs, ces encours sont investis sur un nombre de produits toujours plus important et développé par les plus grands noms du secteur comme Vanguard, iShares (Blackrock), SPDR (State Street), Xtrackers (DWS ; Deutsche Bank), Amundi (Crédit Agricole), Lyxor (Société Générale) ou encore BNP Paribas Easy.

 

UN QUART DU MARCHÉ EUROPÉEN EN 2025

Les ETF, fonds indiciels cotés en Bourse, permettent d’obtenir la même performance qu’un indice de marché ou panier de titres clairement identifiables, comme le sont le CAC 40 ou l’Euro Stoxx 50 en Europe ou bien encore le S&P 500 aux Etats-Unis. Ces fonds s’accompagnent de frais de gestion minimes qui sont très en deçà de ceux facturés par les fonds d’investissement traditionnels.

D’après une étude du géant américain BlackRock, fournissant fonds actifs et passifs, les ETF pourraient collecter plus au cours des cinq prochaines années que sur les vingt-cinq dernières années réunies. Ainsi, les encours mondiaux pourraient plus que doubler pour atteindre les 12 000 milliards de dollars d’ici 2023 et potentiellement les 25 000 milliards de dollars d’ici fin 2027.

Cette croissance sera portée par le développement des ETF et par une forte demande des investisseurs institutionnels, avance l’agence de notation Moody’s. La part des ETF dans la totalité des fonds sous gestion atteindrait entre 11 % et 14 %.

Les ETF sont amenés à devenir, dans les cinq à dix prochaines années, une composante essentielle des portefeuilles des investisseurs institutionnels. Selon une étude de Moody’s, la gestion passive, y compris trackers ou fonds indiciels, représentera entre 22 % et 27 % de la totalité des fonds sous gestion.

 

UNE CONCURRENCE PAR LES FRAIS

La transparence induite par les réglementations successives (UCITS, MiFID II, PRIIP’s, DDA…) impose une meilleure adéquation entre les frais et la performance afin d’éviter tout comparatif simpliste au profit de la seule gestion passive, dont la tarification est moindre. Cette transparence s’exprime donc au niveau des frais (frais de gestion et spread bid/ask lors des transactions), du portefeuille répliqué mais aussi de la performance, liée à celle de l’indice boursier répliqué.

Cela pourrait se traduire par une rationalisation des frais de gestion courants au profit d’une utilisation plus extensive des commissions de performance. Ainsi, la génération d’alpha par les équipes de gestion constituerait une part croissante des revenus des sociétés de gestion mais en affaiblirait de fait la visibilité du fait de la volatilité produite par le caractère incertain de cette recherche d’alpha.

Les investisseurs, à travers le monde, sont sensibles à la question des coûts. L’adoption des ETF va de pair avec une prise de conscience des investisseurs de l’impact potentiellement significatif des frais sur leurs rendements à long terme. Les ETF, à plus faible coûts, seront donc de plus en plus utilisés aussi bien par des investisseurs particuliers que par des investisseurs institutionnels pour s’exposer aux principaux marchés.

LES DÉFIS DE LA TRANSFORMATION

Les dix prochaines années seront déterminantes pour l’industrie de la gestion d’actifs du fait de l’évolution de ce marché.

La montée en puissance de la gestion passive nécessite une remise à plat de toute la chaîne de valeur, de la structure des coûts et de la conception des produits jusqu’à leur distribution en passant par les processus Front to Back afin d’accélérer les performances des gérants, de répondre aux nouvelles exigences de conformité et de renforcer la satisfaction client.

Ces nombreuses transformations exigent un accompagnement spécifique par des équipes dotées d’une expertise pluridisciplinaire pour atteindre une plus grande digitalisation des processus, une meilleure implication des équipes, une sélection optimisée des solutions métiers pour plus d’efficience au service de la performance.

Maximilien Billion
MAXIMILIEN BILLION
SENIOR CONSULTANT

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