Le rapport RSE 2020 de TNP est disponible

22 janvier 2020

POURQUOI LA TRANSFORMATION DES DIRECTIONS ACHATS PREND-ELLE DU TEMPS ?

Laurie BELLAÏCHE : La complexité dans la transformation des directions Achats est notamment due au fait qu’il s’agit d’une fonction qui se trouve à l’interface de beaucoup d’autres fonctions de l’entreprise et du marché fournisseurs. La première difficulté porte sur le fait que la transformation de la fonction Achats induit des changements sur l’ensemble de son écosystème (production, ingénierie, innovation…), avec un travail important pour convaincre les autres fonctions du bien fondé du changement, sans perturber les activités opérationnelles.

La seconde difficulté est liée au fait qu’il s’agit d’une fonction support qui est donc, par définition, au service des métiers. La nécessité de changer devient alors extrinsèque. C’est la voix et les attentes des clients internes qui donneront du corps et de l’ambition à l’offre de service d’une fonction Achats. Or, ces derniers savent-ils réellement ce que la fonction peut leur apporter ? Que connaissent-ils du métier Achats ?

La troisième difficulté concerne l’évolution, selon moi, encore trop lente des compétences des équipes au sein des directions Achats. Les compétences mises en valeur dans le cadre des formations Achats sont encore très orientées vers les « hard skills » (négociation, process achats, gestion de risques…). Les « soft skills » (leadership, empathie, créativité, gestion des conflits…) qui feront des acheteurs de demain de réels Business Partners et des « traducteurs » des enjeux collectifs d’une entreprise sont insuffisamment développées dans les cursus.

QUELLES SONT LES PRIORITÉS DES DIRECTIONS ACHATS ?

L. B. : Les attentes des clients évoluent, c’est vrai, cependant ils souhaitent encore aujourd’hui que les acheteurs sécurisent les relations avec les fournisseurs, les coûts et la réalisation des gains.

Ensuite, la fonction Achats doit optimiser les délais car l’entreprise a l’obligation de produire et d’innover très rapidement.

Enfin, la fonction Achats doit apporter du conseil aux métiers. Les métiers demandent des conseils sur la manière de mieux acheter, l’ingénierie contractuelle, les processus, la constitution de panels de fournisseurs… Le rôle de la fonction Achats est cependant trop modeste dans la formalisation des besoins, qui demeure une prérogative des métiers.

COMMENT METTRE EN ŒUVRE LA TRANSFORMATION DES DIRECTIONS ACHATS ?

L. B. : L’organisation des directions Achats est prioritairement centrée sur la consultation et l’attribution des marchés. Les acheteurs sont souvent orientés sur des réponses court-termistes et sur le « delivery day to day ». Or, il faudrait segmenter les organisations achats pour travailler avec les clients sur le moyen et le long terme. Mais, il est difficile de changer l’horizon de temps. Cela requiert des profils différents, avec d’un côté des opérationnels efficaces, près des clients au quotidien et, de l’autre, des innovateurs, des profils plus analytiques à moyen et long terme. Un risque existe cependant : faire de ces acheteurs « stratèges » des experts éloignés du terrain, des métiers, du marché et des opérations. Il me paraît donc très important que ceux-ci continuent d’intervenir activement sur des dossiers opérationnels.

L’une des solutions pour faire basculer l’organisation des directions Achats consiste à mettre en valeur des exemples réussis de transformation avec de belles histoires. L’art du « story telling… »

Il faut par ailleurs en faire un projet de réussite collective d’entreprise (porté par les métiers et la direction Achats) pour lequel on mesure l’efficacité à travers des indicateurs de création de valeur pour l’entreprise. Enfin, il me paraît nécessaire de développer les compétences des acheteurs, de les coacher et de les soutenir méthodologiquement afin de faire de leurs premières réalisations des succès dont ils pourront être fiers et dont les clients internes pourront parler.

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