Interview : Nicolas Pouplard, Head of Reporting and Performance, ODDO BHF Asset Management

07 janvier 2019

POURRIEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ET NOUS EXPLIQUER VOTRE RÔLE AU SEIN DE ODDO BHF ASSET MANAGEMENT ?

Nicolas Pouplard : Je suis responsable de l’équipe reporting et performance depuis 2011 pour la France, et depuis 2015 également pour l’Allemagne. Le rôle de mes équipes est de couvrir les besoins de reporting clients, de mesure et d’analyse de la performance. Pour ce faire, depuis 2013, nous utilisons la suite B-One (Bisam/Factset). C’est donc de s’assurer que les livrables de mon métier soient produits dans les délais, et avec un niveau de qualité et détails correspondants aux meilleurs standards du marché (en adéquation avec la réglementation locale et les normes GIPS notamment…). En effet chez ODDO BHF AM, nous considérons le reporting comme un élément clé et différenciant de la relation avec le client. En parallèle, j’ai la charge des projets de développement, aussi bien techniques (migration et upgrade de B-One…) qu’organisationnels (déploiement de la plateforme en Allemagne, organisation de la production des fichiers règlementaires PRIIPS/MIF2…) sur mon périmètre d’activité.

POURRIEZ-VOUS NOUS DRESSER VOS PRINCIPAUX ENJEUX ET DÉFIS, ET NOUS INDIQUER DE QUELLE MANIÈRE VOUS LES ABORDER ?

N. P. : Tout d’abord, je dois relever un double défi de taille, à savoir humain et culturel. En effet, suite à l’acquisition successive de deux sociétés de gestion en Allemagne (Meriten Investment et Frankfurt-Trust), l’enjeu est d’arriver à faire travailler ensemble des équipes de cultures différentes, n’ayant pas forcément la même approche du métier d’analyste de performance et de trouver les synergies de façon à rationaliser les tâches sur mon périmètre d’activité. Pour ce faire, il a fallu mettre en place et enrichir les fonctionnalités de B-One pour répondre aux besoins locaux. Par ailleurs, je dois également répondre à un enjeu crucial au sein de mon activité, les market data. L’idée est de réussir à rationaliser et à maîtriser la consommation de market data (données d’indices, données analytiques des produits de taux, nouvelles métriques ESG…) dans un environnement qui nécessite de plus en plus de faire appel à des data provider. Des discussions sont en cours avec nos différents data provider pour déterminer les potentielles rationalisations possibles. Et finalement, afin d’être différenciant, nous continuons à enrichir le reporting standard vis-à-vis des clients institutionnels tout en nous adaptant aux nouvelles règlementations.

LA RÉGLEMENTATION EXERCE AUJOURD’HUI UNE PRESSION ASSEZ FORTE SUR LES MÉTIERS DE LA GESTION D’ACTIFS, POURRIEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER COMMENT VOUS VOUS ADAPTEZ FACE À CETTE CONTRAINTE AU SEIN DE VOTRE FONCTION ?

N. P. : Finalement, le métier d’asset manager est soumis non seulement à ses propres contraintes règlementaires, mais aussi par effet rebond aux contraintes règlementaires de ses clients institutionnels. Nous pouvons citer Solvency 2 (règlementation qui impacte les assureurs) et PRIIPS, règlementation à laquelle provisoirement les asset managers ne sont pas soumis (jusqu’au 31 décembre 2019). Ces deux règlementations ainsi que MIF2 ont néanmoins nécessité la mise en place de formats de transfert de données entre les asset managers, leurs distributeurs et leurs clients institutionnels. Chez ODDO BHF AM, nous avons fait le choix de nous appuyer sur des plateformes externes pour répondre à ces besoins, garantissant un haut niveau de qualité sans impact financier pour nos clients.

L’INNOVATION ÉTANT AUJOURD’HUI UN ÉLÉMENT DIFFÉRENCIANT ENTRE LES DIFFÉRENTS GESTIONNAIRES D’ACTIFS NOTAMMENT AU SEIN DE LA FONCTION REPORTING (ROBOTIQUE, IA, BLOCKCHAIN…), QUELLE EST VOTRE APPROCHE DANS CE DOMAINE ?

N. P. : Ces projets de recherche et développement sont d’abord menés au niveau Groupe dans une première phase, avant de leur trouver une application pratique dans un cas d’usage. Sur mon périmètre, nous commençons à réfléchir à la mise en place d’un process de contrôles de contenus de nos différents documents dans les différentes langues, dans l’optique de massifier nos contrôles et de fiabiliser les reporting envoyés aux clients.

ET SI VOUS DEVIEZ NOUS DÉCRIRE EN QUELQUES MOTS EN QUOI LE MÉTIER DE REPORTING ET DE MESURE DE PERFORMANCE A ÉVOLUÉ CES DERNIÈRES ANNÉES, QUELS SERAIENT-ILS ?

N. P. : Quand je suis arrivé sur ce métier en 2011, on envisageait déjà l’attribution obligataire comme devant devenir un standard de place. De même, on parlait déjà de la digitalisation et de la disparition du reporting au format PDF. En 2019, je fais le constat que ces sujets sont toujours d’actualité. Autrement dit, le PDF n’a pas disparu bien au contraire, et l’attribution obligataire reste toujours un sujet sensible, notamment pour des raisons de market data. En revanche, notre métier a considérablement évolué sous la pression règlementaire, à tel point qu’il nous éloigne peut-être un peu de notre cœur de métier, et que la fonction reporting est de plus en plus un data provider pour les clients institutionnels. Du côté des outils, en quelques années, le marché s’est concentré (rachat de UBS Delta par Statpro, de Bisam par Factset, de Barclays Point par Bloomberg) avec une nette évolution vers le Cloud, qui devrait faciliter les évolutions futures. En parallèle, nous devons avoir la capacité à nous adapter aux thématiques de Place, comme la mise en valeur de toutes les informations ESG.

 

 

 

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