SNCF : l’aventure du train autonome prendra place d’ici 2023

24 juin 2019

Le transport ferroviaire est au seuil d’une nouvelle révolution : les premiers trains autonomes, basés sur les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle, devraient circuler en France d’ici cinq ans. La SNCF désire, grâce à cette innovation, augmenter le trafic et limiter les retards. « Le train autonome, c’est l’avenir de la mobilité. Toutes les briques pour le construire existent déjà. Il nous reste juste à les combiner », a déclaré Guillaume Pepy, PDG de la SNCF.

DEUX TRAINS AUTONOMES : L’UN POUR LE FRET ET L’AUTRE POUR LES VOYAGEURS

Pour ce faire, la SNCF et Railenium, l’institut de recherche technologique de la filière ferroviaire, se sont entourés de nombreux partenaires technologiques (industriels issus du ferroviaire, de l’automobile, de l’aérien, acteurs de l’ingénierie) réunissant des expertises très variées, afin de développer deux prototypes de trains autonomes d’ici 2023.

En janvier 2018, deux consortiums ont été créés pour répondre aux aspirations de l’entreprise ferroviaire française. L’un, dédié à la construction d’un prototype de train destiné au fret, est composé d’Alstom, Altran, Ansaldo et Apsys. L’autre permettra de mettre au point un prototype autonome du train TER, en utilisant les compétences de Bombardier, Bosch, Spirops et Thales.

La SNCF souhaite pouvoir équiper les trains existants et non de fabriquer entièrement de nouveaux trains. Ces derniers devront inclure dans leurs caractéristiques toutes les nouvelles technologies clés permettant ainsi la détection d’obstacles, la lecture de la signalisation, la géolocalisation, la surveillance de l’environnement du train, la gestion des aléas, etc. Le budget de ce projet est prévu à plus de 50 millions d’euros et sera financé par trois parties prenantes : 30% par la SNCF, 30% par l’Etat à travers l’IRT Railenium et 40% par les partenaires.

ÉQUIPER LES TRAINS ACTUELS AVEC DE NOUVELLES TECHNOLOGIES

Le futur train autonome sera le fruit de l’intégration d’un ensemble d’équipements dans un train existant. Ainsi, ces nouveaux modèles ne différeront pas des trains actuels de l’extérieur, mis à part qu’ils seront pilotés à distance par des ordinateurs. Les premiers prototypes seront testés en 2023, pour ensuite être déployés sur la totalité du réseau national deux ans plus tard.

Des capteurs, des caméras et des radars permettront au train autonome de détecter les éléments de signalisation ainsi que les obstacles sur les voies. Ces outils utilisés par Bosch ont déjà été étudiés par l’entreprise allemande lors de ses recherches autour du véhicule autonome.

La société française SpirOps, spécialisée dans l’intelligence artificielle, a quant à elle pour objectif de “transférer” les capacités sensorielles et intellectuelles du conducteur à la machine. L’objectif : que le module de commande puisse réagir de manière adéquate aux obstacles et dangers qui peuvent survenir pendant le trajet, et donc rendre ce train autonome un peu plus humain. SpirOps doit également développer un module afin de prendre en compte le comportement des usagers sur les quais afin que les portes puissent se fermer en toute sécurité. D’autre part, le groupe français Thales sera garant du pilotage automatique du train et de sa localisation. Il sera donc chargé de fournir les modules ATO (Automatic Train Operation) et le module de localisation.

UN CHANGEMENT VISANT À RÉDUIRE LES COÛTS ET AMÉLIORER LA QUALITÉ

Cette automatisation des trains, peu spectaculaire à première vue, ne sera pas négligeable. En effet, grâce à l’automatisation des trains, le trafic sera harmonisé et fluidifié et la capacité de transport de passagers et de fret augmentera. De plus, la SNCF fera un bond extraordinaire en productivité, puisqu’il est prévu que ces trains roulent deux fois plus vite qu’aujourd’hui (120 km/h contre 60 à 70 km/h), ce qui fera accroître sans aucun doute la qualité du service délivrée aux voyageurs (trajets plus courts). Sans oublier qu’en améliorant la gestion de la vitesse et les phases d’accélération et de freinage en fonction des itinéraires parcourus, la consommation d’énergie des trains se verra réduite de 15 à 20 %. Reste à savoir si les passagers seront rassurés de voyager sans conducteur à bord !

Nabil Mikou
NABIL MIKOU
CONSULTANT

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