Le panorama de la BITD
TNP a lancé en 2015 le programme d’évènements Les Histoires de Demain, qui s’articule autour des problématiques majeures que connaissent les acteurs de l’économie européenne et mondiale. Nous accueillons à chaque édition des grands décideurs d’entreprises du CAC 40 et du SBF 120 pour débattre autour de tables rondes animées par Emmanuel Lechypre et Frédéric Simottel, éditorialistes de BFM Business.
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Un article de Oscar MACIEJCZYK , Manager TNP et Saad ABADADE, Consultants TNP, paru dans le livre blanc « Quel nouveau modèle pour l’industrie de défense ?».
Une richesse technologique qui dépasse les champions visibles
L’industrie française de défense est souvent abordée à travers le prisme de ses grands maîtres d’œuvre, qui se présentent généralement selon les domaines opérationnels où ils sont positionnés. Pourtant, l’analyse de la répartition de la valeur ajoutée tout au long de la chaîne met en lumière une réalité plus nuancée. La contribution des maîtres d’œuvre se situe principalement dans l’intégration de systèmes et, dans une moindre mesure, dans le développement digital. L’essentiel de la valeur ajoutée provient toutefois des filières technologiques, portées par des centres de compétences industriels et scientifiques qui constituent un socle robuste.
Certaines de ces filières atteignent déjà une taille significative, leur permettant d’envisager le développement de pôles d’expertise et de leaderships technologiques à l’échelle mondiale. D’autres, de dimensions plus modestes, trouveraient davantage de leviers de croissance dans une dynamique européenne. Enfin, le digital – software et systèmes embarqués – représente un enjeu stratégique particulier : dans un contexte international très compétitif, la taille critique y est déterminante. Cela renforce l’importance de consolider une filière digitale duale, capable de s’appuyer aussi sur les marchés civils, et de conforter le rôle de systémier des maîtres d’œuvre.

Une organisation industrielle qui freine l’efficacité
Dans un secteur où l’excellence technologique est primordiale, l’industrie de défense française se caractérise par une grande richesse et une forte diversité de compétences, présentes à tous les niveaux de la supply chain, parfois jusqu’à cinq rangs de sous-traitance. Cette organisation illustre la vitalité et la profondeur de l’écosystème, mais elle peut aussi générer des défis en matière de délais, de coûts et de pilotage. L’ampleur de ces enjeux varie selon les filières, en particulier celles qui s’appuient sur un grand nombre de micro-spécialistes. La filière simulation – test – bancs en est une bonne illustration, révélant une BITD où l’activité reste très orientée vers le prototype et encore peu industrialisée. Dans ce contexte, la rationalisation et la simplification des chaînes de valeur apparaissent comme des leviers clés pour renforcer l’agilité et la performance des programmes de défense.
Nombre d’acteurs par typologie et par filière

Un maillon manquant pour structurer les filières
Peu de filières technologiques disposent aujourd’hui de champions capables de fédérer et d’animer la supply chain. De tels ensembliers permettraient pourtant de faire progresser la maturité des filières, d’investir en R&D et de renforcer la souveraineté industrielle. Les filières électromécaniques illustrent bien cet enjeu : rarement différenciatrices sur la performance finale, leur fragilité peut néanmoins générer des retards. L’optronique, autre exemple, reste très atomisée, organisée en niches spécialisées. Dans ces cas, l’émergence d’acteurs fédérateurs renforcerait à la fois la cohérence, l’innovation et la compétitivité de l’ensemble.
CA dépense moyen par typologie d’acteur et filière (M€)

Dualité technologique : filet de sécurité ou levier de puissance ?
Nombreuses sont les filières technologiques de défense dont l’activité repose en grande majorité sur le secteur civil, parfois jusqu’à 86 %. Cette dualité traduit un choix stratégique : diversifier les débouchés pour sécuriser les revenus. Elle présente toutefois un double visage. D’un côté, elle constitue un atout majeur pour amortir les investissements capacitaires et favoriser l’innovation duale. De l’autre, elle risque de fragiliser l’effort de défense si les arbitrages penchent trop systématiquement en faveur du civil. La question est donc d’adapter la politique technologique et industrielle de défense afin de transformer cette dualité en levier de puissance au service de la souveraineté.
CA dépense dans le CA des acteurs de la filière



