Le numérique en santé : entre inclusion, confiance et souveraineté
Le numérique transforme profondément notre système de santé. De la prise de rendez-vous en ligne à la téléconsultation, en passant par le partage de données médicales, ces outils sont devenus incontournables. Pourtant, une partie de la population reste exclue de cette révolution. Comment garantir un accès équitable, sécurisé et souverain au numérique en santé ?
L’inclusion numérique : un enjeu d’accès aux soins
À Roubaix, une enquête menée par la Ville et l’ARS Hauts-de-France met en lumière les difficultés rencontrées par les citoyens face aux démarches numériques en santé. Prendre rendez-vous en ligne, créer un compte Ameli ou suivre une téléconsultation peut sembler simple pour certains, mais reste un obstacle pour d’autres. Matériel, connexion, compétences : les freins sont multiples.
L’objectif est clair : mieux comprendre ces obstacles pour construire des solutions adaptées. L’inclusion numérique est ainsi un levier précieux pour lutter contre les inégalités d’accès aux soins.
Des données de santé au cœur du numérique
Mais cette transformation ne se limite pas à l’interface utilisateur. Comme le rappelle le conseil économique social et en environnemental CESE, les données de santé sont la clé d’un numérique efficace. Sans données fiables, sécurisées et utilisées dans un cadre démocratique, pas d’intelligence artificielle de qualité ni de recherche avancée. La feuille de route 2023-2027 du numérique en santé en France vise justement à structurer cet écosystème autour de services comme « Mon espace santé », d’une régulation claire et d’investissements massifs.
Le Health Data Hub : au cœur du débat sur la souveraineté
L’un des exemples les plus emblématiques de cette tension entre innovation et souveraineté est le Health Data Hub (HDH). Cette plateforme, censée centraliser les données de santé pour la recherche, est encore aujourd’hui hébergée chez Microsoft Azure, un cloud américain. Malgré les promesses du gouvernement de migrer vers une solution souveraine, aucun calendrier clair n’a encore été défini. Cette dépendance à un acteur extra-européen soulève de vives inquiétudes quant à la maîtrise des données sensibles des citoyens français. Un appel d’offres est prévu en 2025 pour relancer une dynamique de relocalisation, mais le flou demeure.
Confiance, accompagnement et souveraineté
Pour que le numérique en santé bénéficie à tous, trois principes sont fondamentaux :
- La confiance : les citoyens doivent comprendre l’usage de leurs données et y consentir librement.
- L’humain : le numérique doit libérer du temps pour renforcer la relation soignant-soigné.
- La souveraineté : les données doivent rester sous contrôle européen ou national, notamment via des clouds souverains.
Un numérique qui ne laisse personne de côté
Enfin, cette transition ne peut réussir sans accompagnement. Prévoir des alternatives non numériques et créer de nouveaux métiers pour guider les citoyens dans l’usage de ces outils prend un virage inévitable. À Roubaix comme ailleurs, cela passe tout autant par des dispositifs concrets de médiation numérique que par une information accessible et des services intuitifs.
Le numérique en santé s’avère une opportunité formidable d’améliorer la qualité des soins, renforcer la prévention et rendre notre système plus juste. Cette évolution semble bénéfique seulement si elle est inclusive, transparente et maîtrisée.
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