Les dégâts collatéraux de la guerre de l’IA
De la révolution numérique attendue grâce à l’IA, nous en voyons pour le moment surtout la course, voire la guerre que se livrent les géants de la tech. Nous en avons discuté dans ces colonnes, via les aspects techniques, financiers ou de souveraineté. Mais comme dans toute guerre, les batailles menées connaissent des destins plus ou moins favorables, des gagnants et des perdants, du moins temporaires, car la guerre de l’IA est encore longue. Revenons sur certains exemples de dégâts collatéraux d’une révolution en marche.
La guerre de l’IA est aujourd’hui surtout marketing. La dernière génération d’objet s’est vue affublée de nouvelles fonctionnalités « boostées à l’IA » plus ou moins pertinentes, du réfrigérateur au smartphone. Sur ce dernier marché, de nombreuses initiatives ont vu le jour pour bousculer l’ordre établi. Le Courier de Cadres nous en rappelle les grandes lignes, du Pin AI de Humane en fin 2023 au Vision Pro d’Apple. Ces assistants variés basés sur l’IA ont tous souhaité remplacer le téléphone connecté en place depuis 25 ans. Mais ce dernier reste incontournable et la plupart des objets connectés sont conçus comme compléments à ce terminal principal. Et au-delà des effets de mode, très peu des initiatives disruptives ont réellement trouvé leur public, certains même grevées par leurs bugs et propres limites.
Car la maitrise de la technologie n’étant pas chose évidente, beaucoup se contentent d’ajouts symboliques au détriment des autres fonctionnalités des objets connectés. Le Big Data met en lumière cette génération d’objets aux performances globales insatisfaisantes. Finalement, non seulement les promesses ne sont pas tenues, mais les dynamiques dans la progression de la conception générale des objets s’en ressentent.
Au rayon des promesses non tenues, Apple commence à se faire une place de choix. Après avoir été pionnier dans le domaine avec l’introduction dès 2017 du Neural Engine, socle IA des applications comme Siri, Face ID et de réalité augmentée, Apple est aujourd’hui dépassée et le retard sur « Apple Intelligence », ou la promotion de Siri au rang d’assistant personnalisé, annoncée fin 2024 et repoussée pour le moment à 2026, ne rassure personne.
Apple a déjà laissé des marchés se développer avant de les investir en « révolutionnant » à nouveau le concept. Il semblerait cependant que la situation ne soit pas si bien maitrisée. Non seulement la société est attaquée par les clients de l’Iphone 16 Pro pour publicité mensongère, mais le directeur du département Siri et IA a été remplacé par celui du Vision Pro, qui a été un tel succès. Comme dans toute guerre, les ressources humaines sont en première ligne et le prochain pourrait être le patron directement, Tim Cook.
Certains analystes, comme ici dans Citymagazine, perçoivent dans l’aventure de l’IA les limites de la culture d’entreprise d’Apple, basée sur le secret. A l’heure des partenariats entre géants de la tech, start-ups et universités, pour développer des modèles toujours plus poussés et des infrastructures toujours plus performantes, la pomme se retrouve isolée et à la traîne. Le retard accumulé n’est pas encore rédhibitoire mais la stratégie va devoir repenser la place d’Apple dans l’écosystème numérique.
La guerre de l’IA est loin d’avoir révélé tous ses secrets et rebondissements.
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