L’inclusion numérique en péril
En 2025, l’inclusion numérique en France subit un coup dur, avec une réduction de 56 % des crédits alloués par l’État. Le budget, passant de 62 à 27 millions d’euros, menace des dispositifs essentiels comme celui des conseillers numériques France Services (CNFS). Lancé en 2020, ce programme a déjà permis à 2,7 millions de personnes de progresser dans leur maîtrise des outils numériques. Toutefois, faute de moyens, ces 4 000 postes risquent de disparaître, laissant les collectivités locales, souvent déjà en difficulté financière, porter seules la charge.
Pourtant, la fracture numérique touche encore 15 % des Français, soit environ 8 millions de personnes, selon l’Insee. Elle est à la fois générationnelle (62 % des plus de 75 ans sont en situation d’illectronisme), sociale (9 % des ouvriers contre 1,2 % des cadres) et territoriale. Paradoxalement, dans les quartiers prioritaires et les zones rurales, la dématérialisation croissante des services publics, censée améliorer ces mêmes services, a accentué les inégalités d’accès, menaçant la cohésion sociale.
Des solutions émergent toutefois pour rapprocher les citoyens du numérique sans alourdir les finances publiques. Les bornes interactives, qualifiées de « smartphones géants », se révèlent être une passerelle efficace entre les mondes physique et numérique. Installées dans les espaces publics, elles offrent un usage intuitif et accessible à tous. Ces dispositifs, plébiscités par les élus locaux, renforcent le lien entre citoyens et services publics, un facteur clé d’une inclusion réussie.
À la suite de cette baisse de budget, la CNSP (Commission Nationale du Numérique et des Postes) a proposé un état des lieux du dispositif national pour l’inclusion numérique avec 22 recommandations : maintien du budget à 62 millions d’euros sur le long terme, instauration d’une taxe « numériseur-payeur » ou encore l’inscription dans la loi d’une obligation d’alternatives aux démarches dématérialisées. Les communes jouissant de la confiance des citoyens, jouent un rôle central dans la mise en œuvre de ces stratégies, en capitalisant sur cette proximité pour toucher les populations les plus vulnérables. Ainsi, d’après les chiffres de la communication locale 2024 réalisé par l’institut Harris Interactive, 3 citoyens sur 4 considèrent l’information émise par leur collectivité comme étant fiable et pour environ 7 personnes sur 10, elle permet un meilleur usage des services publics.
Sans un engagement renouvelé de l’État, les avancées en matière d’inclusion numérique risquent de s’effondrer, creusant davantage les fractures sociales et territoriales. Investir dans des solutions locales et adaptées apparaît crucial pour promouvoir une équité numérique.
Inscrivez-vous à notre newsletter DDET (Des Données et des Territoires), le média qui synthétise l’actualité du numérique et des données, produit par les praticiens de la transformation numérique.