Quand l’IA redessine les frontières du monde

Le 9 février dernier, à la veille du Sommet pour l’Action sur l’IA, plusieurs dizaines de ministres d’Etats signataires du Partenariat mondial pour l’intelligence artificielle (PMIA) se sont réunis au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. A cette occasion Richard RAŠI, ministre de l’informatisation de la République slovaque a rappelé que « L’intelligence artificielle est en train de remodeler notre monde. ».

Cette affirmation s’illustre notamment par les derniers accords ou partenariats signés entre des Etats que rien, au regard de l’Histoire, ne prédestinait à collaborer. Nous évoquions dans une précédente édition de DDET le partenariat signé entre le Togo et le Kazakhstan sur la transformation digitale de l’Etat togolais. Ce partenariat semble avoir inspiré la République du Congo qui signait ces derniers jours un accord d’investissement avec le Kazakhstan pour le développement et la mise en œuvre d’un système spatial de télédétection terrestre à haute résolution.  Des négociations sont également en cours pour établir une coopération avec la Russie dans les domaines de la numérisation, de l’IA et de la cybersécurité.

L’Algérie s’est aussi résolument engagé dans une transformation numérique ambitieuse, plaçant l’IA au cœur de sa stratégie de développement économique. Le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki, a récemment annoncé l’objectif de porter la contribution de l’IA à 7 % du produit intérieur brut (PIB) national d’ici 2027. L’Agence spatiale algérienne (ASAL) et le Bureau spatial slovène se sont rencontrés le 13 février pour réfléchir à une coopération sur l’exploitation des technologies spatiales et de l’IA. La Slovénie pourrait ainsi aider l’Algérie à avoir une meilleure connaissance de ses ressources naturelles nationales, notamment les eaux souterraines, les ressources agricoles stratégiques et les minerais. Sur des sujets similaires, le Royaume-Uni et l’Inde, à travers la visite de Neeraj Mittal le 21 février, ont manifesté la volonté de collaborer sur l’IA et la prochaine génération de télécommunication.

Les discussions sont pour la plupart encore à un stade préliminaire, sans véritable accord officiel mais reflètent une tendance plus large en Afrique, où les pays cherchent à renforcer leur coopération internationale pour accélérer leur transformation numérique. La Tunisie s’est tournée vers son ancien protectorat et ambitionne une collaboration avec la France dans la continuité de sa Stratégie Nationale pour l’Intelligence Artificielle lancée en juin 2022.

Si ces opportunités de collaborations peuvent accélérer le développement de l’IA dans certains pays, Dumisani Sondlo, directeur au sein du Département des Communications et des Technologies Numériques d’Afrique du Sud a toutefois souligné lors du Sommet ITWeb AI 2025, tenu le 13 février à Johannesburg, l’importance pour le continent de définir ses propres règles en matière d’IA. Selon lui, sans une telle initiative, l’Afrique risquerait de se conformer aux normes imposées par d’autres.

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