Gestion de projets : la psychométrie au cœur du processus d’affectation
Le point sur l’usage de la psychométrie pour optimiser l’affectation d’un chef de projet à un projet afin d’accroître les chances de succès.
L’affectation des chefs de projet a toujours été un enjeu stratégique pour les organisations. Historiquement, elle était fondée sur les compétences techniques, considérées comme cruciales pour la réussite des projets. Toutefois, à mesure que le monde des affaires évolue, adopter une nouvelle méthode d’affectation apparaît comme un atout indispensable pour s’adapter efficacement à ces transformations.
Cet article est paru dans le Journal du Net et a été rédigé dans le cadre du projet Application Portfolio Management, conduit par le pôle R&D de TNP Consultants, avec la contribution de Franck Giraud, Docteur en Organisation et expert en analyse comportementale.
La méthode traditionnelle : assignation basée sur les hard skills et les soft skills
Traditionnellement, l’affectation d’un chef de projet était déterminée en fonction de la correspondance entre ses compétences techniques (hard skills) et les pré-requis spécifiques du projet. L’idée sous-jacente était que si les compétences d’un individu correspondaient parfaitement aux exigences techniques du projet, il serait le mieux qualifié pour le diriger. Bien que cette approche semble rationnelle, elle montre ses limites en négligeant d’autres dimensions essentielles à la réussite d’un projet.
Au fil du temps, il est devenu évident que les meilleurs techniciens ne font pas toujours les meilleurs managers. La gestion d’un projet nécessite non seulement une expertise technique, mais aussi d’excellentes compétences en communication, en leadership et en résolution de conflits. Les entreprises ont commencé à valoriser les soft skills, reconnaissant leur rôle crucial dans la réussite d’un projet.
Vers une approche situationnelle
Pour qu’elle soit probante et efficace, l’affectation des chefs de projet doit s’inscrire dans une démarche holistique. Si les compétences techniques (hard skills) et interpersonnelles (soft skills) peuvent être déterminantes, la prise en compte des dimensions contextuelles s’avère cruciale pour garantir la réussite d’un projet :
- les objectifs et la politique de l’organisation ;
- les forces et faiblesses des ressources composant l’équipe projet ;
- l’alignement de ces éléments situationnels au profil comportemental du chef de projet.
L’intégration de ces critères augmente les chances de succès des projets pour plusieurs raisons clés. D’abord, elle assure que le chef de projet est non seulement compétent sur le plan technique, mais aussi adapté à la culture et aux objectifs spécifiques de l’organisation.
Ensuite, en évaluant les forces et les faiblesses des ressources de l’équipe, on peut mieux aligner les tâches et les responsabilités, maximisant ainsi l’efficacité et la productivité de l’équipe. Cela permet également de combler les lacunes en compétences, en fournissant une formation ciblée ou en recrutant des compétences complémentaires.
Enfin, en considérant l’alignement du profil comportemental du chef de projet avec les caractéristiques du projet, on favorise une meilleure gestion des risques et des conflits, une communication plus efficace et un leadership plus adapté aux défis spécifiques du projet.
En somme, la psychométrie, en fournissant simultanément une cible comportementale du poste à staffer et la mesure objective des traits comportementaux et des motivations des impétrants, va jouer un rôle prépondérant dans l’amélioration du processus d’affectation.
La psychométrie au service de l’affectation des chefs de projets
Les chefs de projets le savent : un projet est constitutivement sous stress, autrement dit, « tout va bien, alors tout va mal ». Nous savons que plus un individu est soumis à la pression, plus son comportement naturel non régulé tend à s’imposer. C’est pourquoi, être en capacité de mesurer le niveau d’alignement de ce comportement naturel avec les attendus de la mission est aussi important en gestion de projet.
Des outils sont conçus pour anticiper les comportements au travail en analysant les motivations profondes des individus. Le profil comportemental mesuré d’un chef de projet permet ainsi de prédire son style de management, son style commercial, et sa stratégie de gestion.
Les projets, peuvent alors être catégorisés en quatre grandes familles :
- les projets exploratoires ou innovants, marqués par l’incertitude et la prise de risques ;
- les projets développement où il faut marquer des points rapidement
- les projets de mise sous contrôle et d’optimisation caractérisés par la rigueur opérationnelle
- les projets collaboratifs où la coopération entre des intervenants internes et externes est essentielle
La contextualisation d’un projet va ensuite être améliorée en prenant en compte des variables comme sa taille, sa visibilité, son enjeu business ou la criticité de la date de livraison.
Que se passe-t-il si on affecte à un projet devant durer 3 ans, un chef de projet ayant un besoin important de variété et de changement ? Où si un projet sensible et politique est confié à un chef de projet centré sur l’objet technique de sa mission ? Bien entendu, il est impossible de garantir à priori le succès d’un projet, mais on peut augmenter significativement ses chances par une prise en compte scientifiquement fondée du facteur humain.
Bien entendu aussi, quelle que soit la qualité de l’outil, la mesure est toujours réductrice, et que l’être humain est un sujet d’étude infiniment plus complexe. C’est pourquoi cette approche est prudente et s’inscrit dans une démarche résolument bienveillante. Il s’agit de placer le chef de projet dans une position optimale de réussite. Et même si son profil ne se révèle pas totalement aligné avec la situation dans laquelle on s’apprête à le plonger, en avoir une connaissance préalable lui permettra de mieux s’adapter et d’ainsi augmenter ses chances de succès.
[lt1] On peut donner des exemples d’outils qui existent sur le marché ?