L’IA Générative : sans doute plus qu’une promesse 

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Un article de Jean-Christophe LALANNE Ancien VP information system AIR FRANCE – KLM, paru dans le livre blanc « Quelle entreprise à l’ère de l’IA en 2030 ? »

La puissance de l’IA générative profite de la conjugaison et de la maturité d’avancées technologiques majeures. Il ne s‘agit pas d’une innovation de plus, au final décevante, comme on en a connu dans l’histoire du Digital et de l’IT. Car l’IA générative laisse présager une multitude d’usages porteurs de valeur par le biais d’outils performants et simples d’utilisation, qui s’améliorent jour après jour. 

Toutes nos activités sont concernées 

Toutes les organisations vont être concernées par l’IA générative et chacune devra s’adapter à son usage. Cette technologique va transformer peu ou prou tous les métiers de l’entreprise. D’ores et déjà, quelques grands domaines sont impactés en priorité et cette liste est non exhaustive : le marketing et les produits, la relation client, la recherche et développement, le développement de logiciels et l’ingénierie. 

Dans le domaine des systèmes d’information, l’IA générative fera vraisemblablement évoluer tous les métiers. Il est difficile d’imaginer «le monde d’après» mais la DSI de demain sera bien différente de celle d’aujourd’hui… et demain n’est pas du long terme. 

Quelques interrogations nous interpellent  

L’IA générative soulève de nombreuses interrogations qu’il faut aborder et traiter avant de pouvoir la déployer à grande échelle. En voici quelques exemples qui, cependant, ne doivent pas nous détourner d’une conviction : nous devons nous préparer à cette révolution. 

Tout d’abord, les cas d’usage industriels de l’IA générative sont identifiés mais restent encore relativement confidentiels. Bien que de multiples expérimentations soient en cours, il reste difficile d’évaluer précisément et de façon holistique la valeur d’usage de l’IA générative. Il faut donc être attentif aux premiers retours et se mettre en veille permanente.  

Ensuite, nous vivons de plus en plus dans un contexte régulé, règlementé et protégé par des normes et des certifications de toute nature. Et pour l’IA, c’est évidemment essentiel. Comment assurer nos clients et nos utilisateurs que l’IA générative produit des résultats en conformité avec les lois et les régulations de nos domaines d’activité? Et quel sera ce nouveau cadre règlementaire à respecter ? 

Par ailleurs, la résilience des systèmes doit être évaluée dans l’hypothèse où une part substantielle de leur fonctionnement serait confiée à l’IA générative. Comment s’organiser en cas de défaillance ?  

Enfin, les questions liées à la gouvernance de l’IA générative doivent être traitées. L’IA générative est très sophistiquée et nous ne savons pas encore comment la maîtriser. Comment gérer les aléas, les changements de périmètre, les questions de propriété intellectuelle, la sécurité, les données…? 

Le déploiement de l’IA Générative suppose des prérequis  

Le 1er prérequis pour déployer l’IA générative concerne les données nécessaires à son usage. Il n’y a pas d’IA générative sans données. Nous savons qu’une entreprise ne peut pas fonctionner en vase clos. A contrario, elle risque de se mettre en danger si elle est totalement en mode ouvert. Il faut donc trouver le bon équilibre. 

Le 2ème prérequis concerne les choix techniques et les outils nécessaires à la mise en place de l’IA générative. Les DSI ont l’expertise pour traiter les questions de choix des fournisseurs, de souveraineté, de modalités contractuelles et financière. Leur responsabilité sera très importante.  

Le 3ème prérequis concerne la détermination des frontières entre le « business » et l’IT. La répartition des rôles entre les DSI et les métiers devra encore évoluer. Les DSI ne pourront pas s’exonérer d’une analyse en profondeur de leurs plans de transformation. L’IA générative entrainera de facto des changements. A titre d’exemple, la stratégie de «sourcing» des développements informatiques pourrait être profondément modifiée.  

En théorie, l’IA générative devrait générer d’importants gains de productivité. Les entreprises choisiront-elles de réduire leurs effectifs et leurs coûts lors du déploiement de l’IA générative? Ou profiteront-elles de cette nouvelle phase d’automatisation massive pour faire «grandir» leurs collaborateurs, améliorer leurs conditions de travail tout en augmentant la valeur de leur offre auprès de leurs clients? Et d’une certaine façon, transformer une innovation technologique en véritable progrès pour nos organisations. 

Pour l’Europe c’est un défi et une (dernière) chance 

La révolution de l’IA générative pose une nouvelle fois la question de la souveraineté européenne, d’autant plus que l’Europe n’est pas inactive et révèle chaque jour des pépites en la matière. Il semble pourtant que le futur schéma de certification européen pour les Services de Cloud Computing (EUCS) crée des tensions entre les européens. C’est peut-être la seule solution et la dernière opportunité pour parvenir à se libérer des contraintes extraterritoriales que font peser les acteurs américains sur ces innovations technologiques. Si les pays membres de l’Europe n’arrivent pas à s’accorder sur ce cadre règlementaire, comment protéger nos intérêts vitaux à l’ère de l’IA générative ? 

Jean-Christophe Lalanne Ancien VP information system - AIR FRANCE - KLM