Financial stability board : un risque global à maîtriser, des impacts très ciblés

21 septembre 2016

Prémunir le risque systémique est une initiative essentielle pour le régulateur. Mais dans un contexte d’inflation réglementaire qui n’est plus à démontrer, de la maîtrise de la donnée aux exigences de communications auprès des investisseurs, peu de répit est à prévoir pour les établissements financiers .  Les banques sont de nouveau mises à l’épreuve.

ÉVITER LE “TOO BIG TO FAIL”

Si la chute de Lehman Brothers a parfois été interprétée comme un exemple donné par les autorités aux banques pour lutter contre l’aléa moral, les investissements publics massifs aux États-Unis comme en Europe pour sauver le système bancaire ont conduit les gouvernements à s’interroger sur le risque systémique. Ainsi, le Financial Stability Board (FSB), créé à l’initiative du G20 en 2009, s’est vu attribuer dans ses missions la prévention du risque systèmique. Le FSB a donc catégorisé et identifié les « Institutions Financières d’Importance Systémique » (SIFIs) et a accru les exigences réglementaires, de capitaux et de reportings de ces entités. En France, Crédit Agricole, BNP Paribas, BPCE et Société Générale sont concernés.

DEUX REPORTINGS MAJEURS À PRODUIRE

Deux exigences majeures de reporting :

 Le reporting « I to I » ( Institution to Institution ), consiste à reporter les expositions et financements des 50 plus importantes contreparties de l’établissement financier. Ce reporting a pour but de mesurer le risque d’interconnexion entre les établissements financiers en cas de défaillance de l’un d’eux.

 Le reporting « I to A » ( Institution to Aggregate ), consiste à reporter les expositions et les financements à une granularité fine, comprenant différents agrégats (secteurs, types d’instruments, maturités, pays, devises). Ce reporting a pour but de mesurer l’exposition des établissements financiers à des difficultés majeures sur l’un des agrégats. Progressivement en cours de mis en place conformément au calendrier défini par le régulateur, ces deux reportings viennent compléter un dispositif déjà conséquent en termes de surveillance prudentielle ( reporting Bâle III COREP et FINREP, Leverage Ratio, reporting Large Exposures, exercices de stress tests, ratios de liquidité…).

LA DONNÉE, RESSOURCE ESSENTIELLE DES BANQUES

Alors que les 11 grands principes de BCBS 239 d’organisation des données des banques et de production de reportings sont entrés en vigueur en janvier 2016, le besoin des banques de maîtriser et contrôler leurs données à une granularité très fine est déjà une réalité. Des programmes de convergences entre les filières Risque et Finance ont déjà été lancés dans la plupart des banques françaises visant à améliorer la qualité de la donnée, avec des niveaux de maturité très hétérogènes. Dans l’impossibilité de réaliser un « big bang » de la donnée, de nouvelles approches agiles devront être mises en place par la mise en place de datalake par exemple. Avec un délai de plus en plus restreint donné par les régulateurs, l’exploitation de nouvelles solutions technologiques de Big Data sera décisive pour la capacité des banques à respecter leurs contraintes toujours plus importantes.

DE LA RÉGLEMENTATION À LA RÉPUTATION

Depuis le début d’année 2016, les établissements financiers demeurent toujours aussi fragiles et chahutés sur les marchés financiers. Ce contexte tranche de facto une question jadis essentielle pour les banques : est-ce qu’un arbitrage réglementaire est possible à l’heure actuelle ? Ce n’est pas uniquement les exigences des régulateurs auxquelles les banques doivent se conformer, mais à un besoin de communication croissant auprès de leurs investisseurs sur leur fiabilité et sur leur capacité à résister dans une économie encore trop incertaine.

En ce sens, la convergence de la réglementation, des métiers et des besoins des investisseurs pourrait constituer une opportunité, en traitant l’ensemble de ces enjeux dans une approche globale et cohérente. Mais les banques ont-elles encore les moyens de se donner le temps d’une approche long terme ?

 

CLÉMENT MAYER
CONSULTANT

 

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