God save the UK !

29 mars 2019

Mais qu’est-il donc arrivé au Royaume-Uni ?! Ce pays leader en Europe sur les services financiers, ce modèle d’adaptation dans un monde toujours plus changeant et volatile, cet exemple de marché du travail flexible, cette porte ouverte à la mondialisation.

 

Tout commence lorsque David Cameron, alors Premier Ministre, met à exécution deux de ses grandes promesses électorales : organiser un referendum sur l’indépendance de l’Ecosse, nation constitutive du Royaume-Uni, riche en pétrole et célèbre notamment pour son whisky (à consommer avec modération) et ses paysages grandioses peuplés de moutons en semi-liberté ; mais également un referendum sur la sortie ou le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne.

 

Après l’obtention du non à l’indépendance de l’Ecosse, fort de bons sondages et ayant la certitude que le peuple britannique se sentait européen, le Premier Ministre Cameron se sentit pousser des ailes pour son referendum sur un éventuel Brexit, et ce malgré la réticence de tous les milieux d’affaires.

 

AND THE WINNER IS… LEAVE

 

Le 24 juin 2016, oh my God! Le Leave l’emporte avec près de 52% des voix. Ce vote nous indique alors un clivage profond au sein de la société britannique, en particulier entre la ville de Londres, l’Ecosse mais aussi l’Irlande du Nord qui ont majoritairement voté pour le Remain et l’Angleterre profonde, ouvrière et rurale, qui a massivement voté pour le Leave.

 

Reste désormais à respecter le choix du peuple, ce que ne feront ni David Cameron, ni les autres protagonistes, Boris Johnson et Nigel Farage en tête, ayant participé à cette campagne au travers de polémiques, de promesses populistes et purement électoralistes.

 

UN PAYS DIVISÉ PLUS QUE JAMAIS

Les tractations pour la sortie de l’UE débutent. Le 29 mars 2017, le Royaume-Uni active l’article 50 du traité sur l’Union Européenne, lui donnant 2 années pour négocier avec Bruxelles une sortie ordonnée et digne. Mais là encore, rien ne va se passer comme prévu. Un accord sera finalement trouvé en novembre 2018 après de pénibles tractations par la Première Ministre Theresa May. Reste encore à le faire valider par le parlement londonien. Après un 1er rejet, les députés de sa Majesté rejetteront une seconde fois cet accord.

 

Le Royaume-Uni entre alors dans l’une des pires crises politiques depuis sa création, ne trouvant aucune solution convenable de sortie de l’UE avant la date butoir du 29 mars 2019. Chaque jour, des manifestations des pro et anti-Brexit alimentent le débat sans arriver à un quelconque consensus.

 

LA PLACE FINANCIÈRE DE LONDRES EN DANGER

Ce spectacle affligeant a le don d’agacer au plus haut point les milieux d’affaires britanniques et notamment la finance londonienne. Qui aurait pu imaginer que l’une des plus grandes places financières de la planète serait ainsi plongée dans une telle incertitude.

 

Chaque jour apporte son lot d’articles mentionnant les projets de transfert d’activités et de personnel vers le continent ou l’Irlande. Les salariés de la City et de Canary Wharf, souvent de nationalité étrangère, notamment issus des autres pays européens, se voient donc obligés de revoir leurs plans de carrière pour peut-être se rapprocher de Paris, Francfort ou Dublin, fragilisant ainsi l’attractivité internationale de cette place financière si cosmopolite.

 

LES ASSET MANAGERS FORCÉS DE REVOIR LEURS DISPOSITIFS

 

Mais le Brexit n’implique pas seulement le devenir de Londres comme centre financier européen et mondial mais concerne également toutes les entreprises du secteur et notamment les Asset Managers. En effet, de nombreux acteurs de l’Asset Management opèrent depuis et vers le Royaume-Uni via des passeports réglementaires européens. Pour les fonds et les sociétés de gestion, les principaux passeports sont définis dans la directive relative aux OPCVM et dans la directive AIFM.

 

L’industrie de la gestion d’actifs au Royaume-Uni et au sein de l’Union Européenne est donc très dépendante des réglementations européennes, ce qui implique que la sortie éventuelle d’un membre de l’UE doit être intégrée aux dispositifs et décisions stratégiques de ces acteurs incontournables de la sphère financière. Les impacts d’un éventuel Brexit ont été bien trop sous-estimés ou occultés.

 

QUEL GÂCHIS !

Et voilà désormais les Britanniques au pied du mur, dans une cacophonie rarement atteinte dans une démocratie occidentale. Quelle que soit l’issue donnée à cet épisode tumultueux qui marquera à jamais l’histoire du Royaume-Uni et de l’Europe dans son ensemble, et quelles que soit les opinions de chacun, ce Brexit aura démontré une nouvelle fois les méfaits d’un électoralisme destructeur, d’un populisme politicien, d’une méconnaissance totale de la population au sujet des mécanismes économiques, d’un déni de démocratie et surtout aura jeté le discrédit sur la politique et sur un pays aux multiples atouts. Plus largement, c’est l’attractivité de la métropole londonienne et de tout le Royaume-Uni qui est mise à mal.

 

LE RISQUE POLITIQUE, UN RISQUE MAJEUR POUR LES ASSET MANAGERS

Plus que jamais, le Brexit nous démontre les dangers des tentations extrêmes, mais nous indique surtout la nécessité de préparation, d’adaptation et de revue des process opérationnels pour les acteurs des marchés financiers afin de parer à toutes éventualités.

 

Le risque politique est un risque au même titre que le sont les risques de marché, de contrepartie et de liquidité. Les Asset Managers doivent bel et bien intégrer ce risque, qui n’est pas nouveau, à leurs décisions stratégiques dans le but d’assurer la continuité de services auprès des clients et la sécurité juridique des structures déjà établies. Il doit être analysé dans le cadre d’accompagnements spécifiques auprès d’acteurs spécialistes pour sécuriser les perspectives de croissance et de développement.

Maximilien Billion
MAXIMILIEN BILLION
SENIOR CONSULTANT

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