Investissements ISR – ESG : quand la finance s’engage

22 octobre 2019

Notre planète est en danger, nous nous devons de la sauver. Voici un slogan que vous pouvez désormais retrouver dans votre journal, lorsque vous faites vos courses, jusque dans votre manière d’investir. Ces derniers sont nommés ISR (Investissement Socialement Responsable) ou son alter-égo anglophone ESG (« Environment, Social, Governance »).

Pas une semaine ne se passe sans l’annonce de la création d’un nouveau fonds d’investissement ou ETF dit durable. Le « Sustainable » est un outil marketing puissant et se communique auprès de tous. Cet engouement constitue une formidable opportunité pour les gérants ainsi que pour le financement d’une économie plus vertueuse.

QUELS EFFETS ?

Ce développement de l’impact environnemental dans les investissements constitue-t-il pour autant un effet réel sur notre planète ou une simple mode destinée à proposer des produits plus verts qu’ils n’y paraissent ? Compte tenu du poids médiatique désormais pris par les sujets environnementaux dans notre quotidien, nous pouvons aisément nous poser la question.

Pour arriver à produire de réels effets, c’est l’ensemble de la sphère financière qui est mise à contribution. Du financement direct des entreprises, aux techniques les plus complexes, les banques sont aux premiers rangs des acteurs qui ont su agir pour avoir un impact sur l’orientation des flux de capitaux vers des projets et des investissements plus respectueux de notre planète. Au-delà de l’effet de mode et des effets d’annonce, ce sont des pans entiers de nos économies qui sont désormais favorisés par les politiques durables des établissements financiers.

DES FLUX INTARISSABLES

Les gérants d’actifs et plus largement les professionnels de l’épargne et de la gestion de patrimoine sont des protagonistes de premier plan. On ne compte plus les opportunités offertes par ces derniers pour drainer les flux d’investissement vers les placements durables, circulaires et vertueux.

Que ce soit sous forme de fonds d’investissement dits classiques (OPCVM) ou de trackers (ou ETF), le choix ne manque pas et s’étoffe mois après mois. Même si le montant total des investissements verts reste relativement modeste, la tendance est clairement vers une croissance rapide des encours face à des investisseurs à la recherche certes de rendement mais également de sens et d’impact pour leur avenir.

D’après une étude Morningstar, à la fin du mois de juin de cette année, on dénombrait 2 232 fonds et ETF en Europe dont 168 nouveaux fonds ont été lancés au cours du premier semestre 2019, 142 actifs et 26 passifs. Le total de ces actifs sous gestion mentionnant explicitement la prise en compte de critère ESG représentent désormais 595 milliards d’euros, grâce à une collecte en hausse de 6,6% sur la première moitié de l’année.

GAGNER LA CONFIANCE DES INVESTISSEURS

La croissance des investissements verts ne se dément donc pas. Dans ce contexte, il nécessaire d’avoir des repères de confiance pour susciter un plus grand et large intérêt des investisseurs au-delà de la simple mention ISR ou ESG dans l’intitulé du fonds. Certaines sociétés spécialisées, certains labels, cabinets de conseil ou encore fournisseurs d’indices se proposent de garantir la durabilité des offres et produits vendus par les professionnels de la gestion.

Ces gages et tiers de confiance garantissent que les fonds d’investissement ainsi labellisés sont engagés dans le financement de l’économie verte et de la transition écologique et énergétique et permettent donc à l’ensemble de la communauté financière et assure aux investisseurs que les actifs et projets financés répondent aux plus hauts standards de marché.

L’ENGAGEMENT D’UN IMPACT DURABLE

Au-delà de la confiance des investisseurs, c’est l’impact de ses solutions de financement et d’investissement qui doit s’inscrire dans l’approche des gérants d’actifs et leur corollaire, spécialistes de la gestion de patrimoine, banques privées et établissements financiers grand public. Ces solutions ne peuvent être vues uniquement comme du bon sens.

En effet, financer des entreprises et des projets labellisés ESG suppose que consommer moins d’énergie n’est pas seulement bénéfique pour la planète, c’est aussi le moyen d’économiser de l’argent. Traiter correctement son personnel est un moyen d’attirer et de retenir les talents et nommer un conseil d’administration indépendant fournit un contrôle plus efficace sur les dirigeants d’entreprises, avec à la clef une meilleure prise de décision, une croissance pérenne et profitable.

VERS UN IMPACT CONCRET

La prise de conscience nécessaire de la part des acteurs financiers constitue une première étape, mais c’est un changement plus profond des comportements qui doit s’opérer de la part de l’ensemble des agents économiques dans leur processus d’investissement dans le but de favoriser une croissance plus respectueuse de notre environnement et de nous-même.

Il est donc temps d’agir et d’avoir un impact concret sur un thème qui constitue une réelle opportunité et qui nécessite une revue exhaustive de l’offre existante ainsi qu’une préparation préalable des plus complètes afin d’orienter les investissements vers des solutions plus durables.

Cet article a été publié sur le Cercle des Echos. 

Maximilien Billion
MAXIMILIEN BILLION
SENIOR CONSULTANT

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