2022, une année charnière pour le climat

Un article de Mehdi ABDELLAOUI, manager, TNP, paru dans le livre blanc « Transition énergétique et climatique : quelles stratégies innovantes et quel financement ? « 

 

En 2022, alors que nous assistons à une vague omicron qui promet peut-être une immunité collective, nous sommes encore face à de nombreuses incertitudes concernant le climat. En effet, nous venons d’assister à un des hivers les plus doux depuis 1945 avec une semaine entre noël et le jour de l’an la plus douce enregistrée depuis 1947. Pour Jean Jouzel, vice-président du GIEC «des semaines exceptionnelles comme celle entre Noël et le jour de l’An seront de plus en plus fréquentes» dans le futur.

Si les températures douces entre ces deux réveillons étaient fort appréciables, cela cache un changement climatique nuisible à la nature qui a besoin de temps froid pour maintenir son équilibre. Ces signaux que nous vivons de plus en plus sont les reflets de perturbations globales et devraient nous alerter quant à l’équilibre de la nature et de la biodiversité et de son impact négatif sur nos sociétés et économies.

L’année 2021 s’est bouclée sur un fond d’incertitudes sur le climat et la biodiversité. La COP26, qui s’est déroulée fin 2021, s’est clôturée par un échec des États membres à prendre de réelles mesures à la hauteur des défis climatiques. Les leaders n’ont pas réussi à s’engager à limiter l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5°C. Aucun accord n’a visé à l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles responsables directement ou indirectement de 75% des émissions de CO2.

Le sentiment général est l’inclinaison des grandes nations face aux intérêts économiques et d’un manque de clairvoyance sur les solutions à mettre en place pour atteindre la neutralité carbone fixée à 2050 pour la majorité des pays, à 2060 pour la Chine & la Russie et enfin à 2070 pour l’Inde.

Nous ne devrions pas être pessimistes puisque les enjeux et défis sont encore d’actualité et méritent d’être soulevés. L’histoire nous a montré que dans les périodes les plus difficiles de l’humanité, nous arrivions à surmonter les défis rencontrés. La stratégie gagnante devra tenir compte du triptyque : urgence écologique, impact social & sociétal, intérêt économique tout en sollicitant l’ensemble des acteurs : États, entreprises publiques et privées, institutions financières (crédit & inves[1]tissement) et l’ensemble des citoyens.

Pour commencer, les États auront pour mission de définir un cadre législatif, méthodologique et de contrôle commun, per[1]mettant de guider les entreprises, de faciliter et d’assurer la fiabilité des informations communiquées par ces dernières, de mesurer la performance des programmes proposés et leur cohérence par rapport aux objectifs fixés et enfin le cas échant de punir financièrement les mauvais élèves. (ex : % sur chiffre d’affaires, montant fixe non-risible)

Les entreprises ont l’importante tâche de faire preuve de proactivité et de ne pas attendre les contraintes législatives pour se mettre en ordre de marche afin de prendre part à la solution du problème.

Nous devons commencer par la sen[1]sibilisation des différentes parties prenantes à repenser leur fonctionnement pour entrer en adéquation avec les enjeux climatiques. Les entreprises ont également tout intérêt à anticiper et faire preuve d’innovation pour répondre au mieux aux défis que le changement climatique nous dresse tout en s’assurant de maintenir un bon niveau d’activité et des efforts en adéquation avec ses capacités.

N’oublions pas qu’une entreprise verte honore ses collabora[1]teurs, attire des clients et rassure les investisseurs. Des études ont montré qu’une entreprise ayant une politique RSE génère un écart de performance économique d’environ 13% avec ses concurrents qui n’en n’ont pas. Pour y arriver, il faudra d’abord mesurer ses émissions de CO2, identifier les leviers de réductions et trouver des solutions de compensation des émissions incompressibles.

Parmi les pistes de réduction des émissions de CO2, nous pouvons citer par exemple : la réduction ou l’optimisation de la consommation électrique des bâtiments ou entrepôts, l’optimisation des transports de marchandises ou des collabo[1]rateurs, la digitalisation des services.

Concernant la compensation, nous pouvons citer par exemple: l’investissement dans des puits de captation de carbone comme des programmes de reforestation, ou encore l’investissement dans des programmes éoliens ou géothermiques. Ces efforts devront enfin s’intégrer dans un vaste programme intégrant une gouvernance en charge de piloter les divers chan[1]tiers et de mesurer la performance générée par chaque action.

Les institutions financières ne sont pas à oublier car elles jouent un rôle crucial du fait de leur position au cœur de l’économie. En effet, elles permettent aux entreprises de poursuivre leurs activités ou de booster leur croissance par l’obtention de nouveaux crédits ou d’investissement sur les marchés. Ainsi, en contraignant ces institutions à n’investir que dans des programmes à caractère vertueux pour l’environnement, cela permettra d’encourager les entreprises motrices à persévérer dans leurs actions et limitera les autres dans leur croissance.

Enfin, n’oublions pas de commencer ces actions d’abord à l’échelle individuelle. Chaque citoyen par son action propre visant à réduire ses émissions de CO2 contribue à réduire l’im[1]pact global sur l’environnement. En effet, par nos actions et nos choix les plus simples, nous pouvons agir à transformer le panorama industriel, les services et les produits proposés sur le marché. En tant que citoyen, nous devrons viser un mode de vie plus responsable sans pour autant revenir à l’âge de pierre. En effet, de simples actions comme celles citées ci-après, si elles sont réalisées à grande échelle, ont un effet positif sur l’environnement :

– Réduire sa consommation d’électricité à la maison ou au travail ;

– Privilégier les transports en commun pour nos déplacements personnels ou professionnels ;

-Réduire sa consommation de viande, consommer plus local tout en respectant les saisons ; Limiter ses achats inutiles et penser au recyclage et au troc ;

– Réduire ses déchets, penser au compost et à l’upcycling ;

– Réduire ses déchets et impact numérique (ex : tri d’e-mails et recyclage).

 

L’année 2022 sera animée par de nombreux évènements pour la planète dont nous espérons qu’elles seront l’occasion de vraies actions ayant un impact fort sur l’environnement afin d’atteindre la neutralité carbone.

Ces dates majeures sont les suivantes :

  • Le 4 mars 2022 aura lieu l’Assemblée nationale des Nations Unies pour l’environnement à Nairobi;
  • Le 5 et 6 juin 2022 aura lieu le Sommet de la Terre exceptionnel à Rio baptisé « Stockholm 50 » en hommage au premier rendez-vous pour le climat dans la capitale suédoise en 1972 ; – – Le One Ocean Summit du 9 au 11 février 2022 à Brest ;
  • La conférence des Nations Unies pour les océans à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet 2022;
  • La COP15 pour la biodiversité fin avril 2022 en Chine;
  • La COP27 en novembre 2022 en Égypte.